Coup de coeur du mois: Climax

Nous sommes samedi 22 septembre, un lendemain de soirée. Il fait gris et frais et je décide d’aller au cinéma. Comme vous devez le savoir, Climax, le nouveau film de Gaspard Noé ( Irréversible, Enter the void, Love…) est en ce moment au cinéma. Le film est présenté à la quinzaine des réalisateurs en mai dernier à Cannes. Climax fait parler de lui, le public français n’attends plus qu’une chose: le voir. Et on le comprends très vite pourquoi, puisque pendant près de  95 minutes le spectateur se retrouve en huit-clos, entre le paradis et l’enfer.

Climax, c’est  avant tout une troupe de danseurs, dirigé par Daddy ( Kiddy Smile) et Selva (Sofia Boutella), qui pendant quelques jours en plein hiver, s’enferment dans une école primaire pour préparer leur tournée. Le film débute, ils sont au point, ils sont beaux et s’accordent parfaitement sur chaque pas. Il faut fêter ça. Musique, cigarettes, drogue et sangria sont au menu. 

Performances: «Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif. » 

Nous sommes enfermés avec ces personnages tout le long du film. Avec ce merveilleux plan séquence que Noé aime tant, on longe les couloirs et dortoirs avec eux. On boit avec eux, on s’embrasse, on fume. C’est la première partie du film.

S’ensuit un second générique et nous voilà dans une partie plus sombre du film. 

« Il y a des artistes qui font des best off (…), moi c’est un peu  un « worst off » de toutes mes obsessions qui reviennent », avoue Gaspard Noé en mai denier, lors d’une interview. 

Mutilations, sexe, drogue, alcool, viol, tout est discuté. D’une certaines manière se sont les limites humaines qui sont mises en avant ici. La limite de ces personnages enfermés par ce froid hivernal, livrés à eux-même. Mais  ce sont aussi nos limites, à nous, spectateur,  qui sont testées. Nous, qui sommes enfermés dans cette salle obscure, devant le grand écran. 

A la fin on suffoque, on explose, on n’en peut plus.

En plus de la performance artistique que nous livre Gaspard Noé, il est important de pointer la performance, le spectacle, des danseurs. Alors que certains médias ne pointeront énormément Sofia Boutella, pour moi,  c’est chaque acteur qui est incroyable et qui arrive à nous épater. Sans parler de leur performance artistique, leurs chorégraphies, leurs mouvements, leurs corps. A mes yeux, c’en est presque du spectacle vivant.

 

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« T’as envie de voir un truc que tu n’as pas vu » : l’importance des sens

Gaspard Noé, encore une fois aime jouer avec nos sens, avec ce qui peut embrouiller l’esprit humain, nous retourner. 

Caméra retournée, lumières criardes, et bien sûr le son. Un film sans cet élément, n’est rien. C’est bien ce qu’on remarque dans Climax, où sur « 95 minutes de film, il y en a 94 avec de la musique  » . 

Le personnage de Daddy est aux platines et ça, pendant toute la nuit. Il n’y a pas un moment dans le film  sans musique et c’est pour moi ce qui a énormément joué sur cette  drôle d’atmosphère. Au début tu veux danser, tu veux rejoindre cette troupe, tu veux t’amuser, boire de la sangria. Au fur et à mesure, tu veux fuir. La musique, les hurlements, les bruits des ongles sur la peau, à la douleur qui prends le corps… L’atmosphère devient lourde, angoissante. Le film  débute avec Supernature de Cerrone et  passe aussi de Voices de  NEON, sans oublier Mad de Coh Plays Cosey (qui clôture le film). 

 

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Climax est un beau film, artistiquement satisfaisant, angoissant. Après être ressortie, toute chamboulée, j’ai remercié Gaspard Noé. Le cinéma c’est ça, c’est un film qui te chamboule, te détruit, te retourne. 

 

-Amira